Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

.

 

 

Bienvenue à bord du site de « TIMSHEL around the World », le tour du monde d’un Jurançon de 10m et de son équipage.
Ce site permet de nous suivre dans notre périple au fil de l'eau…

 

    Etant "à l'arrêt" le site n'est pas mis à jour régulierement.

Vous trouverez cependant le long des rubriques, de nombreuses infos (escale, mouillage...)     

 
   N'hésitez pas à nous laisser un message sur le site ou bien sur le mail :

  Bonne nav' à tous !

Rechercher

Pourquoi TIMSHEL?

Le mot hébreu, le mot " Timshel " -Tu peux -  laisse le choix . C'est peut être le mot le plus important du monde. Il signifie que la route est ouverte. La responsabilité incombe à l'homme, car si " tu peux ", il est vrai aussi que " tu peux ne pas "

STEINBECK dans "à l'est d'eden"

Archives

Position le 01/01/11

  France

20 mars 2007 2 20 /03 /mars /2007 01:38

Haïti, l’Ile à vache, le 26/02/2007

 

Nous sommes arrivé un jeudi, au petit matin vers 8h00. Le ciel est alors brumeux et l’air encore frais. Port Morgan s’anime : un bateau avec deux français vient d’arriver et, comme c’est les vacances scolaires, les enfants de l’île sont tous là à venir nous accueillir à bord de leur « bois fouillé ». Nous, contents d’être là, avec nos 35 cartons pour l’orphelinat de Sœur Flora à Madame Bernard et eux, le sourire affiché jusqu’aux oreilles. Ils sont curieux, se présentent tous, veulent connaître nos prénoms, d’où on vient, pour combien de temps, si c’est la première fois qu’on vient ici. Et ils proposent tout. Des fruits et légumes, laver notre linge ou le bateau, nous faire visiter leur village. Si on a besoin d’eux, on a qu’a le leur demander. Mais ils demandent aussi, un peu, certains beaucoup. Des cahiers, des stylos, ballons, fils de pêche, de l’argent pour l’école et parfois de l’argent tout court. Mais c’est le troc qui règne ici : deux stylos contre les citrons ou des noix de cajou, des gâteaux contre les mangues. Et si on a rien à donner, ils restent là, à regarder, à attendre. Ils attendent peut-être que les gâteaux reviennent…mais toujours avec un sourire désarmant.

Jeudi soir, des rencontres : trois hollandais de passage et un français, Patrick, venu ici pour trois mois de bénévolat à l’orphelinat de Sœur Flora. Ca tombe bien ! On décharge et on recharge nos cartons sur son catamaran. Demain, on l’accompagnera non seulement déposer les colis mais avant tout pour passer une journée sur un petit îlot de même pas 10m2 de sable, avec une vingtaine d’enfants de l’orphelinat, âgés de 3 à 19 ans. Très belle soirée donc, à parler français et anglais, à échanger, faire connaissance et à boire…un peu. Le sommeil sera de plomb et le réveil vaseux…un peu.

Vendredi matin, on fait connaissance. Ils sont tous là, du plus petit au plus grand et se sont tous habillés pour l’occasion. La balade en bateau, ce n’est pas tous les jours et ça les sort tellement de leur ordinaire. C’est donc un jour de fête où tout n’est que découverte et joie. On savoure, on partage. Les enfants se crèvent à nager, à courir sur ce petit banc de sable, bout de paradis. Une balle de tennis et trois masques pour vingt mais tout le monde en profite. On apprend aux plus petits à nager, on les soutient sous le ventre pendant qu’ils agitent leurs bras et leurs pieds dans tous les sens. Rencontre émue avec Agathe et Valentine, débordantes d’affection. Rencontre avec Claire-Elise, belle comme un cœur et usant déjà de son charme et de ses grands yeux noirs. Rencontre amusante avec Wilmie, petite fille de 3 ou 4 ans, pleine de caractère. Une vrai petite chef ! Mais chut…c’est l’heure de la sieste, le moment tendresse. Puis le retour à l’orphelinat. On redépose tout ce petit monde, c’était intense, on a beaucoup donné mais aussi beaucoup reçu. On repassera les voir lundi. Une fois partis, on s’occupe des cartons que l’on dépose dans une petite baraque au pied du village. Ils seront montés jusqu’à l’orphelinat demain. On rentre, la journée fut riche en émotions, encore quelques verres pour oublier les « adopte moi » et dodo.

Samedi matin…ou plutôt midi car la soirée s’est finalement prolongée en compagnie de Patrick, départ pour une petite balade entre nous à la baie des Flamands. Avec une belle choucroute en conserve, sortie de dessous le lit, pour le repas de midi. Petite journée sympa à faire essentiellement la sieste.

Lundi, nous nous rendons par le sentier à Madame Bernard. C’est jour de marché. On entre enfin dans les terres de l’île à vache. Les maisons sont peintes de rose et de vert, parfois de jaune et de bleu. Pas tant de vaches que ça mais ça sent fort. Des odeurs de terre labourée, de cochons, poules, chèvres et crottin de cheval. La vache est très peu consommée ici et sert surtout en cas de grosse dépense imprévue, pour des raisons de santé, le plus souvent. C’est le patrimoine des familles. Nous marchons, les gens nous disent bonjour et ce jusqu’au marché que l’on atteint au bout d’une heure. Ca grouille, ça parle fort, ça sent les animaux et le poisson qui a eu trop chaud. On y trouve de tout : des fruits, beaucoup de légumes secs, des allumettes, des cigarettes de la marque « Comme il faut », des tablettes de cacahuètes, amandes ou sésame caramélisées…un vrai régal, des chaussures made in Taiwan, de la viande pleine de mouches etc.…A l’orphelinat on y retrouve Patrick en plein travail : c’est l’heure du massage des polyhandicapés. Et on y retrouve aussi Michel, bénévole chez Sœur Flora depuis 13 ans. Les handicapés sont ici au nombre d’une quinzaine (autistes, handicapés moteurs essentiellement mais aussi cérébraux) et ne bénéficient bien sûr d’aucune infrastructure. Ils sont là, allongés sur un gros matelas, sous un manguier. Ils parlent à peine, ne marchent pas et les mouches envahissent leurs yeux et le coin de leur bouche. Michel a cependant mis en place des bains thérapeutiques à raison de 4 fois par semaine. Alors quelques personnes les portent, les uns après les autres, les déposent dans une barque et on les amène sur une petite plage paisible. Là, on leur fera prendre des bains de mer, là ils pourront enfin ne plus éprouver ce corps noueux qui les fait souffrir, là ils pourront enfin se détendre et esquisser des sourires. C’est génial mais il y’aurait encore tellement à faire.

On mange avec la petite équipe et on fait la connaissance de Sœur Flora. Petite, sèche, un peu distante mais cependant accueillante, la prière est de mise avant de passer à table. Et c’est sans doute grâce à cela qu’elle peut faire ce qu’elle fait depuis trente ans sans trop s’émouvoir, sans jamais trop s’attendrir. Il est vrai qu’elle s’occupe aussi d’une trentaine d’enfants à l’orphelinat.

Il va être l’heure pour nous de partir. On se dit alors au revoir, on remercie, Patrick et la petite Agathe nous raccompagnent. Du haut de ses quatre ans et avec son petit accent créole, elle me dit « toi aller ? » et je réponds « oui, nous aller ». Un dernier bisou, une dernière étreinte, une dernière photo, je ravale mes larmes…oui nous aller.

                                                                                                                      Morgane

Partager cet article
Repost0

commentaires